Le mot qui change tout

PAR CHRISTIAN PILON
PARTENAIRE


Au même titre que nous sommes en mesure de vous faire profiter des avancées en préparation physique des grands sportifs au Studio, il est intéressant de s’arrêter sur le travail qu’ils font au niveau de la préparation mentale pour tenter d’en tirer parti au quotidien. 

Un documentaire de Arte a retenu mon attention dernièrement. Plusieurs techniques de préparation mentale sont abordées. J’en ai retenu une pour partager dans cet article, il s’agit de l’ancrage d’un souvenir via un mot. Un mot qui a le potentiel de tout changer.

Au commencement

Coubertin, inventeur des Jeux olympiques modernes, fut un pionnier à plus d’un égard. En 1900, il publie un article sur la psychologie du sport. Il était convaincu que le sport était un tremplin pour retrouver une certaine énergie mentale. Les grands pays sportifs du 21e siècle, Allemagne, Union soviétique et États-Unis se sont emparés du sujet.

Avec Bud Winter, les États-Unis prennent la tête du peloton au détour de la 2e guerre mondiale. Ses techniques de détente développées pour ses sprinters vont être utilisées par les pilotes d’avions américains pour battre les kamikazes japonais. À partir des années ‘60, dans les décennies qui suivent, le développement de la psychologie du sport s’accélère jusqu’à faire son chemin dans les équipes sportives dans les années ‘90. Phil Jackson, entraîneur mythique des Bulls et des Lakers fait entrer le yoga et la méditation dans les vestiaires. Les Michael Jordan et Kobe Bryant vont goûter à cette potion.

Pour plus d’un préparateur, la prochaine limite des performances sportives est au niveau du cerveau. La visualisation, l’observation, la méditation et la neurostimulation sont autant de techniques qui évoluent rapidement en ce moment. Voici la méthode qui a retenu mon attention. Elle a été utilisée par Florent Manaudou. Elle a joué un rôle important dans son ascension qui culmine à Londres en 2012 avec une médaille d’or à l’épreuve très disputée du 50 m style libre natation.

Un mot et de l’émotion

On a tendance à penser qu’il faut se vider la tête pour performer, faire fi de toutes émotions. Il faut certainement être concentré sur la tâche à accomplir et ne pas laisser des pensées inutiles parasiter sa psyché, mais ancrer des émotions, des ressentis, un souvenir et l’associer à un mot peut "remplir la tête” positivement. Voici un résumé de la technique utilisée par Florent Manaudou à l’approche des Olympiques de 2012.

Manaudou doit jouer des coudes avec de grands noms pour obtenir l’une des deux places disponibles au niveau de la qualification nationale. L’équipe française de l’époque est solide. Malgré sa carrure, la plus imposante du bassin, dans sa tête, il ne se sent pas à la hauteur des autres nageurs qu’il place sur un piédestal. Il a 22 ans à l’époque.

Son préparateur, Thomas Sammut, le questionne: « Qu’est-ce qui te fait du bien et en quoi es-tu plus fort qu’eux ? » Manaudou aime la musculation et à ce niveau, costaud comme il est, il sait qu’il est plus fort dans une salle de musculation, au niveau du développé couché par exemple (155 kg / 341 lb). Il commence à faire des liens. S’il est plus fort en salle de musculation, pourquoi ne le serait-il pas dans la piscine?

La technique se met en place avec son préparateur. Il choisit un souvenir chargé d’émotions, y associe un mot et ancre le tout au plus profond de son cerveau. L’entraînement en musculation, où il se sent le plus fort est le souvenir à ancrer. Le mot choisi: puissance.

Comment bien associer le souvenir au mot ? Comment tout ça fonctionne à l’arrivée?

la pensée magique

Le cerveau est magique! Le Dr Antonio Damasio, le souligne dans le documentaire. Ses recherches, menées dans le Brain and Creativity Institute en Californie, portent sur la place des émotions dans la prise de décision. Il explique la technique utilisée par le duo Sammut/Manaudou. Il est en mesure de corroborer l’idée qu’un mot ou une phrase peut déclencher un processus.

Voici son approche. La première chose à mettre en place est le film du souvenir. On doit avoir une idée précise en tête qui comporte des portions visuelles, sonores, tactiles ou même olfactives. Manaudou fera ce travail lors de séances de musculation.

  • Le cortex visuel viendra stocker l’image de l’appareil de musculation;

  • Le cortex auditif enregistre le bruit de la fonte qui cogne;

  • Le système limbique va mémoriser l’émotion et l'énergie positive ressenties pendant la séance;

  • L'hippocampe va mémoriser le souvenir et l’associer au mot puissance.

Une fois ce travail terminé, les éléments ancrés, le rappel du mot puissance, va libérer l’énergie associée. Manaudou a maintenant en main un déclencheur, un raccourci pour accéder à une constellation d’images positives qui viendront l’aider dans sa performance.

Le mot courage

L’utilisation d’un mot déclencheur pourrait bien sûr vous être utile pour l’entraînement au Studio. Au moment où j'allais compléter un paragraphe qui allait dans ce sens, un exemple plus percutant a été porté à mon attention.

Notre collègue kinésiologue, Valérie, a connu une période difficile dernièrement avec un problème de santé sérieux. Je vous rassure tout de suite, elle va bien. À cette difficulté, s’ajoutait une presque-phobie de tout ce qui est en lien avec traitements, piqûres et hôpitaux. 

Valérie a utilisé le mot courage pour affronter les moments clés d’un traitement qu’elle a dû suivre. Face à l’adversité, elle s’est arrêtée sur son parcours étoffé en entraînement, jalonné de compétitions marquantes. Comme Florent Manaudou, elle a su identifier un élément qui la caractérise et un moment où elle se sent bien.

Devant des épreuves physiques importantes en compétition, des adversaires coriaces, elle a su surmonter ses craintes et toujours fait preuve de courage. Si ce courage est présent dans ces moments, aucune raison pour qu’il ne soit pas accessible face à la maladie. 

En misant sur cette force, lors de ses entraînements, elle a ancré le mot courage et utilisé celui-ci pour accéder à une énergie positive avant ses rendez-vous médicaux.

Le mot de la fin

Le cerveau n’a pas livré tous ses secrets. Comme mentionné, plusieurs préparateurs ont identifié cette sphère comme le prochain levier d’action côté performance. On vous tient informé, car ces méthodes peuvent servir à l’entraînement, mais également au quotidien comme l’exemple de Valérie le démontre.

Pour info, Florent Manaudou se prépare à 32 ans pour Paris 2024. Il compte bien aller chercher une médaille. Aura-t-il le dernier mot ? À suivre…


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QUELQUES MOTS SUR CHRISTIAN 

Christian habite actuellement en France avec sa famille. En télétravail depuis 2009, il est en contact quotidien avec l’équipe. Il passe au Studio deux fois par année pour être sur le terrain. Il s’occupe du marketing, du site web, du blogue et de certains projets spéciaux. Il a composé plus de 100 articles pour notre site au fil des années avec l'aide de notre équipe d’entraîneur. Il joue au basketball, qu’il a pratiqué au niveau collégial AA, et garde la forme avec un entraînement varié tout en ayant un faible pour la boxe qu’il a apprivoisé au Studio.


RÉFÉRENCES & +

Dans la tête des champions / Documentaire Arte traitant de la préparation mentale

We feel, therefore we learn: the relevance of affective and social neuroscience to education / Mary Helen Immordino-Yang et Antonio Damasio, 2007

Thomas Sammut / Site web du préparateur physique

Florent Manaudou / Son entraînement sur Instagram

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